Dédicaces de septembre !
22 septembre 2021
Le jeudi 23 septembre 2021, les auteurs des Éditions du Crabe étaient à la librairie parisienne l’arbre à lettres du 11ème arrondissement.
Nous sommes très heureux que son directeur Michel et toute l’équipe nous aient accueillis. Ils ont préparé cette séance de dédicaces avec beaucoup d’entrain et de gaité. Nous tenons à les remercier chaleureusement.
Nous vous proposons de vous replonger avec nous dans cette soirée pleine de bienveillance.
À l’entrée de la librairie, des petites crabes de papier invitent à entrer et rejoindre le public attentif. Au fond, Bernard Cuneo, le créateur du Crabe, raconte les livres aux nombreux curieux :
« Je dirai un mot plus tard sur les Éditions du Crabe qui sont à un moment… comment dire… un moment, simplement, de leur histoire. Puis, je passerai la parole, et pas que la parole, vous verrez, à Marine.
J’ai choisi de respecter l’inverse de l’ordre alphabétique des auteurs pour présenter les livres, parce que cela m’évite de parler en premier du mien, ce qui me paraissait un peu grossier.
On commence par « M ». Élodie Marillier et son livre Tout est Blanc.
Troisième écrit publié aux Editions du Crabe, on retrouve dans Tout est Blanc la patte d’Élodie. Cette écrivaine a une manière d’écrire qui va au bout des possibilités de la langue, toujours au service du récit, et qui met en évidence et en valeur des points qui, autrement, ne seraient peut-être pas apparus au lecteur.
Dans une première partie, il y a des personnages qui semblent à la fois familiers mais aussi un peu étranges — en tous cas, moi je les ai trouvés un peu étranges — qui discutent et se disputent autour d’un dé, des sens possibles qu’il peut prendre, des questions que cela pose et de l’urgence, ou pas, d’y répondre.
La seconde partie, tout à fait passionnante, raconte le parcours d’une femme se réveillant d’un coma, en rapport bien sûr avec la première partie.
Ce n’est pas un livre de métro que vous pouvez lire avec la conversation téléphonique d’un étranger dans l’oreille, le coude d’une autre personne dans le foie. Il faut plutôt s’asseoir dans le fauteuil qu’on préfère, avoir un petit verre de whisky ou une tasse de thé à côté, et alors, le charme qui s’installe m’a complètement conquis. C’est pour ça que ce livre est publié et devant vous.
On a ensuite « L ». Charlotte Laborde et son livre Jeux.
Quand j’ai eu le manuscrit de Charlotte entre les mains, un recueil de poèmes, j’ai pensé ne pas tenter l’aventure. Éditer de la poésie, c’est très compliqué. Quand vous êtes avec un auteur de prose, vous pouvez tenter votre chance en tant qu’éditeur. Vous pouvez dire : « Ah peut-être que tu pourrais construire ça différemment, cet adjectif là je ne suis pas sûr, cet adverbe on pourrait voir… ». Mais avec la poésie, c’est complètement impossible.
Et puis j’ai ouvert son bouquin et j’ai trouvé ça absolument formidable, dur parfois. Ce sont des mots très simples, des poèmes contemporains qui parlent de la vie ; en partie, je le sais, de la vie de Charlotte. Mais quel écrivain parle d’autre chose que de sa vie, ou en tous cas en s’en inspire ?
Jeux parle de la nôtre et c’est très impressionnant sur ce plan-là. Il y a parfois des passages sombres, abrupts, mais à chaque fois il y a un ressort, quelque chose, comme la volonté d’aller voir plus loin, sans nier le côté difficile de la vie.
Je trouve ces poèmes bouleversants, vous verrez, ils vont vous toucher.
Puis il y a « D » pour Marine Destombes et son livre Jeannine.
Ce premier roman est, comme on dit, né d’une histoire vraie. Vous savez qu’en général, on dit ça pour donner plus de crédibilité au propos mais là, ce n’est pas le cas. Ce que cela indique ici, c’est qu’il y a eu du travail derrière.
Marine a consulté, grâce au travail de sa tante, une masse de documents, de photos, de lettres, de textes, et elle a essayé de comprendre ce qui se passait dans cette vie-là. Elle a eu surtout la chance de connaître Jeannine. De ce point de vue, c’est une histoire vraie, entendue, recueillie de première main auprès d’une personne qu’elle aimait.
Jeannine raconte l’adolescence d’une jeune fille dans un village reculé d’Alsace pendant la Seconde Guerre Mondiale. Au début, cela l’étonne un peu qu’on lui demande de parler allemand, qu’on la fasse changer de nom… Progressivement, elle va grandir, se rendre compte que c’est beaucoup plus grave que ça. Elle voit disparaître des gens, est témoin de violences qui avaient lieu dans tous les villages d’Alsace à ce moment-là. Et donc elle va agir. C’est un livre d’initiation à la situation historique mais surtout à elle, à ce qu’elle est et ce qu’elle devient.
Enfin il y a le dernier bouquin. Malheureusement on n’a plus le temps ! Quel dommage !
Bon je vous le dis quand même, il s’appelle Misaine. On me pose souvent la question : une misaine, c’est une voile à l’avant des gros bateaux, peut-être plus vive que les autres. Quand le gros temps est là, on affale un peu toutes les voiles et on laisse celle-ci qui permet encore, le plus possible, de diriger le voilier.
Le héros va être sur un tel bateau et cette voile va lui faire penser à la personnalité, au caractère de la femme qu’il aime, d’où le titre.
C’est l’histoire d’un type un peu perdu avec la relation amoureuse qu’il a. Il aime une femme comme un fou et elle l’aime euh… bien. Ce qui est déjà énorme par les temps qui courent. Il y a une réciprocité, un échange, mais ce n’est pas symétrique et, comme il est paumé, il saisit l’occasion de partir à l’étranger. Il se dit que ça va l’aider à prendre du temps pour comprendre s’il préfère cette non-symétrie à rien du tout. Il pense pouvoir vivre avec elle des moments forts, fabriquer des moments heureux et que c’est déjà très bien, que c’est déjà une façon d’aimer.
Je ne donne pas de leçon, surtout pas. Je raconte une histoire. Ce n’est pas une question théorique mais pratique. C’est du concret. C’est simplement un roman d’amour.
Pour finir, quelques mots sur les Éditions du Crabe.
J’ai créé cette maison d’éditions en 2013 avec l’aide et le soutien, y compris matériel — j’insiste, c’est un peu lourd mais ça ne fait rien — de quelques-uns avec qui on avait passé un accord. Je leur avais dit « J’accepte votre aide mais vous ne pourrez jamais me donner le moindre avis sur ce que je publie ». J’ai tenu ma parole, et eux la leur. On a continué cette aventure et, sans eux ça n’aurait pas pu être le cas.
Je voulais publier les textes formidables que j’avais entre les mains. Une fois les livres parus, il faut savoir leur faire rencontrer leurs lecteurs. D’ailleurs je suis mauvais. Il y a des choses que je ne sais pas faire, ne serait-ce qu’à cause de la génération à laquelle j’appartiens.
Or, depuis le début de cette aventure, j’avais à côté de moi, pas très loin, Marine.
Elle faisait essentiellement le graphisme, les premières pages, etc. Elle a 30 ans, beaucoup d’idées, d’envies, de talents pour développer les activités, pas seulement la littérature, et le faire avec le dynamisme contemporain qui prévaut aujourd’hui sur les marchés, quels qu’ils soient, dont celui du livre.
Je vous présente donc la nouvelle présidente des Éditions du Crabe.
Elle a eu la délicatesse — voyez comme ils sont, les jeunes — de me proposer de rester conseiller, sans bien définir la mission. J’ai dit, comme ça, que j’allais réfléchir deux jours mais bien sûr que j’allais accepter.
Je termine simplement en vous citant un vers extrait d’une chanson de Robert Charlebois — on retrouve déjà le conflit des générations — un chanteur québécois dont sa chanson Ordinaire qui dit :
Le jour où moi, j’en pourrai pu,
Y en aura d’autres, plus jeunes, plus fous,
Pour faire danser les boogaloos.
Voilà, fais bien danser les boogaloos, Marine. »
Après un échange autour du nouveau parcours qui se dessine pour le Crabe, les dédicaces ont pu commencer, de longues files de personnes se formant devant chaque auteur. Les piles de livres ont rapidement diminué.
Merci pour votre soutien, votre bienveillance et votre présence, vous êtes indispensables au Crabe !
Marine Destombes, éditrice.